mercredi 5 septembre 2018

Bilan

Quelques chiffres
32745 km en 121 jours.
22 jours de repos et 99 jours de route.
Moyenne kilométrique sur les jours roulés : 330,75 km
Maximum en une journée : 728 km (en Iran)
22 nuits en tente, dont 10 en camping sauvage, 42 à l'hôtel, 13 en chambres d'hôtes, 30 en auberges de jeunesse, 1 nuit en yourte

23 pays, 27 frontières
Le pays où j'ai passé le plus de temps est le Kazakhstan (25 jours)

Altitude minimum : -28m
Altitude maximum : 4655m
Température minimum : 8°C à la frontière Tadjikistan/Kirghizistan (avec un peu de pluie et de neige fondue)
Température maximum : 45°C au milieu du Kazakhstan (sur des pistes en sable assez éprouvantes). La moto m'a indiqué jusqu'à 51°C mais c'était dans les bouchons à Machhad en Iran en plein soleil.

6 fuseaux horaires

La moto
Peu de préparation avant le voyage. J'avais installé un graisseur automatique de chaîne, des protections sur les capteurs d'ABS, des protections de tubes de fourche et des réhausses de guidon. Les valises rigides complètent l'équipement de voyage.
Avant le départ, changement des pneus, des plaquettes de frein, des roulements de roue arrière et vidange moteur.

Pendant le voyage, elle a juste eu le droit à 2 vidanges, une en Iran à 9600km et une au Kirghizistan à 19800km.

Quelques tout petits soucis
- Une des pattes du protège chaîne a cassé en Ouzbékistan sur les routes défoncées. Le protège chaîne a fini le voyage dans mon sac de selle.
- Mon antivol stocké sous la selle m'a coupé les fils du clignotant arrière gauche. Réparé avec du scotch en route, il faut que je sorte le fer à souder.
- A force de vibrations sur les pistes en mauvais état, et sûrement à cause des réhausses de guidon, celui-ci a commencé à prendre du jeu, il tournait sur ses supports vers l'arrière. Réparé en route avec des petits bouts de carton qui ont bien tenu le coup.
- Mon graisseur automatique diffuse l'huile sur la chaîne grâce à un pad en feutre collé sur le bras oscillant. Celui-ci m'a lâché au Tadjikistan après 16000km. J'en avais un autre que j'ai collé à la place, mais qui a été coupé par la chaîne en 2 jours. Il m'a quand même permis de faire 20000km sans retendre la chaîne. Je vais contacter le fabricant pour voir avec lui ce qui s'est passé. J'imagine que le sable et la poussière sont trop abrasifs là-bas pour ce système...
- Au Kirghizistan, elle a commencé à avoir des ratés quand j'étais à vitesse constante sur des routes bien lisses. Quand je demandais plus de puissance, pas de problème. Je me suis posé plein de questions, je me voyais déjà démonter la moitié de la moto pour tout nettoyer (pompe à essence, circuit d'alimentation, filtre à air, bougies), mais aucune explication ne me satisfaisait. Au plein suivant, le problème a disparu. L'explication serait donc une mauvaise qualité de l'essence. J'avais eu du SP80 et 91 qui ne m'ont posé aucun problème et le plein en question était du SP95, peut-être un vieux fond de cuve si les locaux préfèrent économiser en prenant  du 91 qui était disponible aussi dans cette station.
- Plus de phares au Kazakhstan. C'est un policier qui m'a arrêté pour me le signaler (sympa, il ne m'a pas verbalisé). J'ai sorti le tournevis au bord de la route, un coup de WD40 dans le bouton de démarrage de la moto (qui coupe les phares pendant le démarrage) et c'est reparti.

Sinon, ben la moto était lourde, trop pour certaines pistes, et mes pneus pas forcément adaptés à tous les terrains, mais c'est toujours une question de compromis. Ces pneus ont fait tout le voyage et je pense qu'ils vont encore tenir tout l'hiver. J'aurais pris des pneus plus typés cross/piste, il y a de grandes chances pour qu'ils aient été usés avant ces passages plus difficiles, donc je ne regrette pas mon choix. D'autant plus que même si c'était parfois difficile, je suis passé partout sans trop de problème.

J'ai quand même fait 2 chutes sans gravité :
- En Iran, dans la montagne, à la sortie d'une coulée de boue, les traces laissées par les autres véhicules dans la montée étaient tellement glissantes que ma roue arrière s'est dérobée. J'ai eu un coup de main pour relever la moto, un type qui arrivait en face en voiture. Mes bottes glissaient sur la route, j'aurais eu un peu de mal tout seul.
- Au Kirghizistan, dans un village, on m'avait indiqué une maison d'hôtes dont la propriétaire devait me faire signe quand j'arrive. Route en forte pente, gros graviers et cailloux, ravine creusée par la pluie. Quand j'ai aperçu la dame, il a fallu que je tourne à droite, mais j'étais mal placé, je me suis planté dans la ravine et la moto s'est couchée.
L'avantage des valises rigides est qu'elles protègent la moto en cas de chute. L'inconvénient est que celle sur laquelle je suis tombé les deux fois est un peu moins étanche maintenant !

Le pilote
Peu de problèmes de santé. Une petite turista passagère au Tadjikistan, mais vu que 95% des personnes qui y passent ont le même problème, ça ne m'a pas inquiété.
A Osh, quand je suis redescendu du Pamir, j'ai eu un violent mal de tête pendant 36 heures. J'ai pris une journée de repos, mais j'étais un peu inquiet et prêt à demander un avis médical. Finalement, c'est passé. Je mets ça sur le compte des changements d'altitude (passage de 4200 à 1000 m dans la journée), des changements de température (amplitude de 8 à 32° dans la journée également) et de la fatigue accumulée pendant la semaine dans le Pamir, la plus éprouvante du voyage.
Le moral a toujours été bon, j'ai su gérer la fatigue, la solitude, la chaleur, la nourriture... J'ai eu quelques moments de doute, mais je n'ai jamais été inquiet, et je suis toujours resté positif même dans les moments difficiles.
Je me rendais compte aussi que je maigrissais, ce qui ne me fait pas de mal, mais ce n'est à qu'à la fin en arrivant chez les parents que j'ai réalisé à quel point : j'ai perdu 10 kg en 4 mois.

L'équipement
La moto était lourde, trop chargée. Mais j'ai utilisé quasiment tout ce que j'avais emmené avec moi, sauf peut-être quelques vêtements, et encore. Je n'ai pas utilisé ma trousse d'urgence ou mon kit de réparation de pneus, mais c'est quand même indispensable de les avoir.
J'ai acheté en début d'année un casque haut de gamme que je n'ai pas pu trop tester au printemps à cause de la météo médiocre. Il ne m'a pas convaincu plus que ça côté confort et insonorisation. Mon ancien casque beaucoup moins cher faisait aussi bien. Il a aussi fallu que les mousses de joue se tassent, ce qui m'a un peu fait mal aux dents et à la mâchoire pendant la première semaine.
Mon blouson et mon pantalon m'ont permis d'affronter des températures un peu fraîches parfois, mais je n'ai pas utilisé les doublures du pantalon et je n'ai jamais mis de pull sous le blouson. Ils ont été supportables aussi lors de grosses chaleurs. Le gris chauffe moins que le traditionnel noir (même s'il est plus salissant) et mon blouson est bien ventilé.
Mes bottes sont basiques, plus trop étanches depuis un moment, mais leur gros avantage est que je n'ai jamais froid aux pieds avec, même quand elles sont gorgées d'eau.
Une paire de gants été bien ventilés qui ont pas trop mal tenu le coup, et une paire de gants plus chauds et surtout étanches que j'ai beaucoup moins utilisés, mais que j'étais content d'avoir quand même.
Les valises se sont révélées très pratiques, rapides à installer et à retirer de la moto, la gauche qui contenait tout mes vêtements est restée bien étanche. La droite a un peu souffert lors des chutes et aussi à l'intérieur que les outils ont bien marqué avec les vibrations.
La tente, le réchaud, les cartes, tout a bien joué son rôle sauf mon matelas pneumatique et mon oreiller gonflable qui se dégonflaient tous les deux pendant la nuit, ce qui a un peu perturbé mon sommeil pendant les nuits en tente.

Mon plus fidèle allié a été mon smartphone qui m'a énormément servi :
- Pour me repérer avec des applications de cartographie (Google maps, maps.me, mappy.cz), car il y a des pays où les panneaux sont inexistants et où les cartes routières sont approximatives.
- Pour communiquer en mettant à jour ce blog, et de manière plus régulière avec mes parents et mon frère sur WhatsApp. J'avais aussi installé un dictionnaire français/russe qui m'a un peu servi, et l'application Interprète quand j'avais du wifi.
- Pour trouver des hébergements grâce aux applis de cartographie, à Booking.com, Hotels.com et une application que beaucoup de voyageurs utilisent : IOverlander.
- Pour changer de l'argent, j'utilisais l'application devises plus que j'ai trouvée très pratique.
- Pour gérer les décalages horaires, mon téléphone se mettait à jour automatiquement sur les réseaux des pays traversés, pratique !

Le budget
Mes estimations étaient très réalistes, car je ne suis rentré qu'avec très peu de dollars. En fait, j'avais même surestimé le coût du voyage car je pensais retirer de l'argent en route. Je me suis fait plaisir sur certains hébergements et restos, mais dans l'ensemble, la vie n'est vraiment pas chère dans les pays que j'ai visités.
J'avais aussi 2 cartes de crédit que j'ai très peu utilisées (2 fois pour retirer de l'argent le dimanche quand les banques et les bureaux de change étaient fermés).

L'environnement
J'ai traversé des paysages magnifiques, visité des villes exceptionnelles. Je me suis toujours senti en sécurité, j'ai toujours été extrêmement bien accueilli. J'ai même reçu des cadeaux, on m'a offert des repas, un hébergement, une vidange de la moto... dans l'ensemble, j'ai beaucoup plus reçu que donné. J'ai aussi fait des rencontres extraordinaires, des gens avec lesquels j'espère rester en contact un moment.
Par contre, tous ces pays sont extrêmement sales, il y a des détritus absolument partout, les véhicules polluent énormément plus qu'ici, il y a aussi une pollution visuelle et sonore importante.

Les routes étaient aussi inégales, j'ai vraiment eu de tout, de l'enrobé posé moins d'une demi-heure plus tôt à la piste archi-défoncée en pente raide en passant par des routes qui faisaient des "vagues" de plus d'un mètre de haut, les pistes en boue ou en sable ! J'ai quelques mauvais souvenirs, mais avec le recul, je ne sais pas laquelle était la pire, j'ai eu 5 passages vraiment éprouvants : l'arrivée en Ouzbékistan sur une route plus que défoncée, la route entre Kalaichum et Khorog au Tadjikistan, très défoncée et cassante elle aussi, le no-mans' land entre le Tadjikistan et le Kirghizistan, en boue sous la pluie avec des rivières à traverser, la route pour monter au lac Son-Koul au Kirghizistan, en gravier avec des épingles très pentues avec ravine et tout et la traversée de la steppe au Kazakhstan par 45° sur les pistes en sable. Quand on croit qu'on a fait le pire, on trouve toujours une route encore plus difficile ou éprouvante...

Les 2 pays pour lesquels j'ai vraiment eu un coup de cœur sont l'Iran pour la diversité des paysages et l'hospitalité des gens et le Kirghizistan pour la beauté des paysages.

16 commentaires:

  1. Génial et surtout très instructif ce bilan. Tu fais ça bien, j'adore.
    Respect au valeureux motard que tu es.
    As-tu quelques vidéos à partager par la suite ?
    Au plaisir Nico.

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    1. Salut Jean-Marc, non, pas de vidéos, c'est trop de boulot à monter... j'ai déjà dans les 7000 photos à trier!

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  2. Super bilan Nico
    Bravo pour ton périple que j'ai suivi jusqu'au bout

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    1. Salut Greg, oui, j'ai vu que tu étais un lecteur assidu, merci à toi!

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  3. Récit extrêmement intéressant et enrichissant.
    Bravo à toi pour la réussite de ce voyage.
    Bon courage pour la reprise du travail
    Josette

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  4. salut nico très intéressant ton bilan merci as toi .
    Phil

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  5. Ben après tout ça... Tu es rôdé à toutes épreuves
    Merci pour ce fabuleux résumé
    As tu pensé à contacter Suzuki. .?

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    1. Coucou Bertrand, toutes, je ne sais pas, mais ça me fait un peu d'expérience...
      Suzuki, je pense qu'ils s'en foutent un peu, vu le nombre de motos qu'ils produisent, je pense qu'ils ont déjà vu beaucoup d'autres voyageurs aller beaucoup plus loin !

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  6. Bravo ! Belle aventure !
    Bon courage pour la reprise du rythme français ��
    Biiizzzz

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    1. Merci Soazig, j'ai repris le boulot hier, je commence à reprendre le rythme doucement...

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  7. PhilB: Content de te revoir et bon courage pour ton retour dans le monde des fous

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    1. Merci Philippe, des fous, j'en ai vu d'autres en route ! Je crois que je préfère ceux de chez nous...

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  8. Bonjour Nicolas comptent de te savoir rentré sans plus d’encombres, tu as devancé tout le monde avec ton compte rendu, plus beaucoup de question a te posées du coût et bon retour à la civilisation

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    1. Merci Patrice, oui, j'ai voulu faire un petit bilan pour que tout le monde ait accès à ces infos...
      A bientôt !

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N'hésitez pas à me faire un petit coucou, à poser des questions...
Par contre, mes connexions seront sûrement peu performantes, donc merci de ne pas m’inonder de commentaires !